Volley et basket font bon ménage Chez les Van Rooij, on joue double jeu avec bonheur

Hérédité familiale: Sarah smashe à Cheseaux et William shoote à Nyon, en LNA. La sœur et le frère s’estiment et s’encouragent, complices jusqu’à porter le même numéro de maillot.

Sarah (VBC Cheseaux) et William van Rooij (BBC Nyon) s’amusent sur le terrain de basket du collège de Cossy. Pour eux, le sport est d’abord un jeu, un état d’esprit hérité de leurs parents.
Sarah (VBC Cheseaux) et William van Rooij (BBC Nyon) s’amusent sur le terrain de basket du collège de Cossy. Pour eux, le sport est d’abord un jeu, un état d’esprit hérité de leurs parents.
Patrick Martin

Dans les salles de gym, ils dessinent sur le sol un entrelacs de lignes que seuls les initiés arrivent à démêler. Ce mariage signalétique ne veut pas dire que basket et volleyball font toujours bon ménage. Querelle de prestige. Le premier se prévaut de sa grandeur «NBAsque», le second de sa multitude record. D’un côté, il y a les «orange», de l’autre les «blanc», et ils ont souvent du mal à se mélanger. Chez les Van Rooij de Prangins, au contraire, l’omelette a bien pris. Matthieu et Suzanne, les parents, ont tous deux pratiqué les deux sports à haut niveau. Et comme les pommiers ne font pas des poires, ils ont engendré des enfants du ballon. Sarah s’illustre au VBC Cheseaux et William évolue au BBC Nyon. Zoom sur deux joueurs brillants, qui ont aussi mouillé leur maillot sur les bancs de l’EPFL.

Il faudrait un roman pour détailler cet arbre généalogique aux bras longs, qui a aussi porté à la lumière un international suisse de football, quatre fois champion de LNA et demi-finaliste de la Coupe des clubs champions avec Young Boys. Bravo, grand tonton Gilbert (Rey) mais revenons à nos moutons. À Suzanne von Holzen, victorieuse de la Coupe de Suisse avec le BBC Nyon, et à Matthieu van Rooij, balèze bloqueur de Genève Élite et du Lausanne UC, tous deux maîtres de sport. Dans ce berceau familial, difficile pour leurs rejetons de devenir violoncelliste ou chanteur de rap.

«Il est vrai que dès l’enfance, le sport a fait partie de notre vie, de notre éducation, de nos loisirs. Ça a été pour nous une saine émulation. Nos parents nous ont inculqué la culture physique et l’esprit sportif, ils nous ont fait découvrir de nombreuses disciplines», se réjouissent la sœur et le frère. Pas de sectarisme donc. Avant de parler dunk et smash, ils ont fait VTT, natation ou judo avec Neal, le cadet de la fratrie.

«J’ai même fait de la danse classique», se marre Sarah van Rooij, petit rat devenu grande attaquante de volley. Comment est-elle tombée dans le filet? «Tout naturellement, sans être forcée, en suivant mon père au PEPS Versoix, là où entraînaient aussi mon oncle Laurent Rey et Pierrot Bellardi, le formateur qui m’a donné le goût du jeu.» Un petit club au grand cœur, qui aime à citer Nelson Mandela sur son site web: «Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends.» C’est aussi la façon de penser de William, passé par le PEPS avant de privilégier le basket à Nyon, «le bon sport pour moi, celui qui me permet le mieux de me défouler».

«On a notre chat familial pour s’envoyer des fleurs ou des critiques.»

Sarah et William van Rooij

Depuis, la sœur est montée au filet et le frère a touché le haut du panier. Une belle ascension que des études de pointe à l’EPFL n’ont pas (trop) freinée. «C’était une exigence parentale. L’école a toujours passé avant le sport», note Sarah, spécialiste en énergies renouvelables. «Réussir sur les deux plans, c’est sans doute ma plus grande fierté», assure William, ingénieur en mathématiques. Entre les deux, une belle complicité annihile tout risque de rivalité, sauf quand la volleyeuse battait son frangin basketteur sous le panneau familial de Prangins. «Oui, mais je jouais de la main gauche», se souvient-il.

Aujourd’hui, par symbiose, ils portent le même numéro de maillot (le 11) et dès que le calendrier de leurs matches est publié, ils se soucient de noter les dates qui leur permettront d’aller encourager l’autre. «Avec le Covid. c’est plus compliqué, mais on peut se voir en live streaming et puis, on a notre chat familial pour s’envoyer des fleurs ou des critiques», racontent-ils.

Leur père n’est pas le plus tendre. «Il est très objectif. Il n’hésite à me dire quand j’ai foiré mon match et je préfère ça à trop de complaisance», glisse la joueuse de Cheseaux, cousine du passeur de Chênois, Robin Rey. Mais cette saison, Matthieu van Rooij ne s’est pas forcé à être élogieux. «Sarah pète le feu, elle mériterait de retrouver sa place en équipe nationale», affirme-t-il. Son autre regret, celui de ne pas pouvoir assister ce vendredi au soir au Rocher au quart de finale de Coupe de Suisse entre Nyon et Boncourt.

Complices jusqu’à porter le même numéro de maillot!
Complices jusqu’à porter le même numéro de maillot!
Patrick Martin