Pour lui, la vie est trop courte pour la gâcher par la mauvaise humeur

Portrait Passionné de volley, Michel Dufaux, le nouvel entraîneur du VBC Cheseaux, dévoile les faces cachées de sa personnalité.

«Le jour du match, j’essaie de montrer le visage le plus calme possible. Mais tout se passe à l’intérieur. (…) Il faut être capable d’analyser très vite la situation pour avoir une influence sur le jeu.»

«Le jour du match, j’essaie de montrer le visage le plus calme possible. Mais tout se passe à l’intérieur. (…) Il faut être capable d’analyser très vite la situation pour avoir une influence sur le jeu.»Image: VANESSA CARDOSO

Le nouvel entraîneur du Volleyball Club Cheseaux ne transige jamais avec ses valeurs et ses convictions. «La vie est tellement courte qu’on ne peut pas être sérieux tout le temps, affirme-t-il. Nous devrions avoir une vision des choses différente que le fameux «métro, boulot, dodo». Plus je prends de l’âge et plus j’y crois.»

Jouir des bienfaits de la vie n’est pas incompatible avec le travail. «Le volley est un hobby qui m’occupe au minimum 5 heures par jour. Que ce soit pour la préparation des matches, les entraînements ou les déplacements», estime cet électronicien, en préretraite depuis l’an dernier.

Michel Dufaux a découvert le monde du volley à l’âge de 21 ans. «Avant cela, j’étais un footeux. J’ai fait mes classes juniors à Prilly. Je me suis mis au volley parce que le père de mon épouse d’alors pratiquait ce sport. Mon premier club a été les Amis-Gym Lausanne. Puis, j’ai commencé à entraîner vers 22 ou 23 ans. J’avais déjà envie de transmettre aux autres ce que j’avais appris.» Au cours de son cursus, il entraîne tout d’abord les dames de Morges. Puis il passe par toutes les ligues imaginables, en tant que joueur ou en tant que coach: à Lausanne, Montreux, Leysin, Ecublens et Orbe. Il progresse au quotidien, à tel point qu’il se hisse jusqu’au sommet de la LNA.

Le jour du match, j’essaie de montrer le visage le plus calme possible. Mais tout se passe à l’intérieur. (…) Il faut être capable d’analyser très vite la situation pour avoir une influence sur le jeu.

«Comme tous les gestes sont techniques, l’entraîneur doit admettre les erreurs», précise-t-il. La sagesse et l’humilité sont autant de vertus qu‘il a acquises au fil du temps. Notamment en côtoyant des entraîneurs chevronnés tels que le regretté Carl McGown, dont il loue la sagesse et le calme ou Georges-André Carrel. «Une personne qui dégage une gentillesse extrême et qui est toujours prêt au partage.»

Le Challensois de 64 ans a énormément appris grâce au sport. Que ce soit en tant que joueur – il a notamment réussi le doublé Coupe-championnat avec Leysin – ou comme entraîneur-assistant au LUC. Georges-André Carrel est mieux placé que quiconque pour apprécier la valeur et les qualités d’un tel personnage au sein d’un club. «Michel respire la passion, assure le Mage du volley suisse. Il est très loyal, et c’est un grand travailleur. Il est capable de bosser la moitié de la nuit, après un match à Näfels, pour préparer la rencontre suivante. C’est quelqu’un qui fonctionne mieux au travers de la victoire que de la défaite. Autre facette de sa personnalité: il est capable de démissionner 20 fois dans sa tête, avant de se raviser 48 heures plus tard. Il aime la vie, faire la fête, rire et… la bière. Il prépare ses matches avec beaucoup d’intelligence tactique. Lorsqu’on travaillait ensemble, il me connaissait si bien, qu’il parvenait à précéder mes demandes. Le LUC le regrette beaucoup, mais je comprends son envie de tenter son expérience à Cheseaux, afin d’appliquer toutes les connaissances qu’il a emmagasinées. Je lui souhaite tout le succès possible.»

«Je suis devenu un gentil»

Michel Dufaux a vécu des expériences uniques, grâce au sport. «J’ai appris les relations humaines. Surtout dans les échecs. Avant, j’étais imbu de moi-même. La vie en club m’a enseigné que ma petite personne n’était pas importante et qu’il fallait changer si je voulais évoluer dans ce milieu. Le sport ne m’a amené que du bien. Mes deux épouses et mes fils m’ont aussi passablement aidé dans mon évolution. Aujourd’hui, je suis devenu un gentil qui n’a de rancœur envers personne. J’apprécie tout le monde. Et franchement, j’aime beaucoup mieux celui que je suis devenu. Même si de temps en temps, mes vieux démons ressurgissent. Il faut dire que je suis un taureau. Je fonce d’abord contre le mur et après, je réfléchis pourquoi je l’ai fait. C’est mon côté impulsif. Je suis capable de sortir de mes gonds verbalement, si j’estime avoir subi une injustice.»

Un trait de caractère qui accompagne Michel Dufaux depuis toujours. Enfant, il éprouvait beaucoup de difficultés à se contenir. Il faut dire que le contexte n’était pas simple. Ses parents se sont séparés, alors qu’il n’a que 7 ans. Il est alors placé dans une école pour cas sociaux difficiles. «J’étais très turbulent, pour ne pas dire plus», précise-t-il, tout en évoquant une «jeunesse perturbée». Vers 14-15 ans, il fréquente un groupe de jeunes intéressés par les vélomoteurs. Ils fument des cigarettes, boivent de temps en temps une bière. Mais les bêtises s’arrêtent là. «Sans eux, j’aurais sans doute mal fini.»

Cette période est particulièrement délicate pour Michel Dufaux. Livré à lui-même, il érige un mur autour de lui. «J’ai dû montrer un personnage plus dur que ce que j’étais, confie-t-il. Ceux qui ont cherché à découvrir celui qui était barricadé à l’intérieur sont devenus mes amis.» Après coup, il apprendra même que sa maman se privait de nourriture pour donner à manger à ses enfants. Depuis, l’homme blessé a su briser sa carapace, révélant l’existence d’un personnage attachant et généreux.

Camping-car et couleuvres

Epris de liberté, il aime se ressourcer dans la nature. «Nous avons acheté un camping-car. Parfois, avec mon épouse, nous filons à 200 km de chez nous, au bord d’un lac, sans télé ni radio. J’aime aussi beaucoup me promener le long du Talent.»

Plusieurs fois, l’entraîneur est parti se dépayser en Australie, où il a passé quelques soirées inoubliables en compagnie des aborigènes. Il s’occupe aussi volontiers de ses six couleuvres des sables américaines et de son chat de 17 ans.

Mais sa vie ne serait rien sans le volley et l’adrénaline des compétitions. «Le jour du match, j’essaie de montrer le visage le plus calme possible. Même si tout se passe à l’intérieur. Dès le jeudi, je me concentre sur ce qui va se passer sur le terrain. J’ai beaucoup de scénarios en tête. Sur le moment, il faut être capable d’analyser très vite la situation pour avoir une influence sur le jeu. Un entraîneur ne peut pas gagner un match. En revanche, il peut le perdre, s’il opère les mauvais choix.»

(24 heures)

Créé: 13.10.2017, 09h18