La disparition du Volley Masters suscite tristesse et inquiétude

Volleyball

Après 34 éditions, le tournoi féminin de Montreux jette l’éponge. L’impact sera bien réel pour le volleyball suisse et régional.

Le Montreux Volley Masters voyait s’affronter les meilleures joueuses mondiales à la salle du Pierrier, à Clarens.

Le Montreux Volley Masters voyait s’affronter les meilleures joueuses mondiales à la salle du Pierrier, à Clarens.

C’est une histoire d’amour longue de 34 ans qui a pris fin vendredi dernier, jour de la Saint-Valentin. L’Association du Montreux Volley Masters annonçait la dissolution de son tournoi organisé en mai, qu’elle avait au fil des éditions érigé en véritable institution sur la Riviera vaudoise.

«C’est la fin d’une magnifique aventure humaine qui a accueilli les meilleures volleyeuses mondiales, confie, la gorge serrée, Georges-André Carrel, président du comité stratégique. Ici, elles ne venaient pas pour le prize-money mais pour l’accueil et la possibilité de se tester.»

La voix pleine d’émotion, l’ancien entraîneur du LUC cite toutes les stars montées au filet de la salle omnisports du Pierrier. Il se remémore cette édition de 1988 à Vevey – «la plus belle à [ses] yeux» – qui avait accueilli la Chine et Cuba, les deux meilleures équipes mondiales. «Il y avait 2000 personnes à l’intérieur de la salle et un millier derrière les vitres à l’extérieur, se souvient Georges-André Carrel. On hurlait et on pleurait en même temps.»

Calendrier surchargé

La longue parenthèse dorée a donc pris fin. «Le calendrier mondial étouffe ces formidables joueuses, résume le technicien vaudois. Il n’y a plus assez de plage pour l’extraordinaire.» Le constat est aussi net qu’un smash parfaitement claqué. La Fédération internationale de volleyball ayant avancé sa «Ligue des nations», le tournoi montreusien se retrouvait pris dans l’étau de la concurrence. Sans la présence des meilleures équipes mondiales comme la Chine ou le Brésil, le Volley Masters, déjà mis entre parenthèses pour l’édition 2020, n’est définitivement plus viable. «En l’absence des stars mondiales, il devient difficile de négocier les droits télévisés, qui représentent 30 à 40% de notre budget, confie résigné François Pochon, président du comité de direction. Nous aurions perdu entre 50’000 et 100’000 francs par année.»

Dès sa création, en 1984, le tournoi a eu l’intention d’offrir un cadre pour des rencontres amicales de prestige à l’équipe nationale suisse féminine. «C’est une fenêtre sur le volleyball mondial qui s’est refermée en Suisse, image Anne-Sylvie Monnet, directrice du volleyball au sein de Swiss Volley. Nos joueuses suisses n’auront désormais plus cette occasion inespérée de se frotter à de telles équipes. Et privée de cette expérience irremplaçable, l’équipe nationale pourrait en pâtir.»

Inspiration pour la relève

Mais l’impact de la disparition du Montreux Volley Masters (MVM) se mesure aussi plus localement. L’an passé, les joueuses du VBC Cheseaux (LNA) s’étaient rendues à Montreux pour observer de tout près le haut niveau. «L’expérience avait été très riche, se souvient leur président, Alberto Angeretti. C’était l’espace idéal pour analyser en détail tout ce qu’on ne pouvait pas voir en vidéo, comme la manière dont les meilleures joueuses bougent.» Pour un club formateur comme le VBC Cheseaux, le tournoi vaudois offrait à la fois une source de motivation pour ses jeunes joueuses et une opportunité de créer des vocations. Dans ce sens, le MVM organisait en parallèle un tournoi de minivolley donnant l’occasion aux jeunes scolarisés dans la région de découvrir la discipline.

«Avec la fin du tournoi, c’est une part de rêve qui disparaît, regrette Georges-André Carrel. À Montreux, les stars mondiales prenaient le temps de venir faire des passes avec les jeunes. Ça va être un gros manque pour la relève.» Sans la médiatisation qu’offrait le tournoi à la discipline en Suisse, les acteurs régionaux craignent également que le volleyball retombe dans l’anonymat. «L’événement offrait une belle vitrine à la discipline dans toute la région et on va ressentir un manque à ce niveau», s’inquiète Alberto Angeretti. «Le ballon se dégonfle en Suisse et à Montreux», poursuit Georges-André Carrel, dont l’optimisme est mis à rude épreuve.

Le tournoi pourra-t-il un jour renaître de ses cendres? «Une page est tournée pour l’événement en tant que tel, tranche le président du comité de direction, François Pochon. Nous avons tout essayé mais une limite a été atteinte. Peut-être que le tournoi renaîtra sous une autre formule un jour.»

Créé: 17.02.2020, 21h54