VOLLEYBALL Journal du Jura, lundi 14 mars 2011
La fin des haricots

RONALD GAY

Adieu veau, vache, cochon, couvée! A force de tirer sur le cordon qui le reliait à la LNA, le VBC Bienne l’a rompu. La défaite 1-3 enregistrée face à Cheseaux dans le match de la dernière chance précipite, après 10 ans d’appartenance à l’élite, les Seelandaises dans l’anonymat de la LNB. Sans leur entraîneur Michel Bolle, qui quitte le navire.

RELÉGATION Le VBC Bienne avait rejoint la LNA sur le tapis vert en 2001. Dix ans après, c’est à la régulière qu’il prend le chemin inverse. (BRUNO PAYRARD)

Le miracle ne s’est pas répété. Incapable d’organiser le jeu, le VBC Bienne a sombré samedi en fin d’après-midi après avoir pourtant remporté le premier set. Cette défaite dans le cinquième acte des play-out précipite les locataires de l’Esplanade en LNB. Une ligue qu’elle retrouveront sans leur entraîneur et directeur sportif Michel Bolle.

Fin mai, l’ancien coach de l’équipe nationale masculine quittera ses multiples fonctions au sein du club pour poursuivre sa carrière en LNA. Même si personne ne veut dévoiler les intentions du technicien, il se murmure qu’il devrait rependre les rênes de Guin. «La situation générale n’était plus supportable pour moi. Ces multiples casquettes cette années m’ont épuisé mentalement», déplore Michel Bolle. Le boss a sa petite idée sur les causes de la chute: «L’arrivée trop tardive de la deuxième étrangère est, à mon avis, la cause principale. Nous ne pouvions pas savoir que l’Ukrainienne Olga Zheleznyakova n’avait pas le niveau.»

Cette relégation n’est pas le fruit du hasard, tant la qualité de jeu de l’équipe biennoise s’est dégradée au fil des saisons. Samedi, les Seelandaises paraissaient avoir retrouvé un semblant de foi en début de rencontre. Solides au service, elles se sont bien défendues à la réception. Mentalement très fragiles, elles n’ont toutefois pas résisté au retour de Cheseaux. Après un dernier sursaut d’orgueil dans le quatrième set, le VBC Bienne prenait congé de la LNA.

Cette défaite, la 19e de la saison, sanctionne durement le club. Un monde s’écoule, car jamais une telle issue n’avait été envisagée en cours de saison. «Nous étions persuadées d’atteindre les playoff», assure Linda Kronenberg. «Mais nous n’avons pas su profiter de notre énergie positive. Nous avions envie de bien faire, mais cela n’a pas fonctionné.» Et l’attaquante de soulever un problème: «J’ai l’impression que nous n’avions pas de leader.» Libero, Janine Dietwyler relève d’autres points: «C’est certain, nous avons manqué de constance. Parfois, le feu intérieur faisait défaut. Normal, lorsque rien ne fonctionne…»

C’est surtout la perplexité des filles qui a frappé cette saison: elles ont été incapables de trouver les causes de leurs problèmes. «Je ne comprends pas, nous travaillions pourtant bien à l’entraînement», murmure Laura Unternährer. Cette remarque sonne comme une rengaine. Les dirigeants se sont retranchés derrière la jeunesse de l’équipe. Or, la formation biennoise a aligné trois étrangères avec un statut de joueuses professionnelles, même si certaines n’ont débarqué qu’en cours d’exercice.

Bienne deux, Cheseaux trois. Même en LNB, beaucoup de choses seront à constuire. Un chantier gargantuesque… /RG

BIENNE CHESEAUX 1-3 (25-20 18-25 17-25 19-25) ESPLANADE: 285 spectateurs. 

ARBITRES: El Assad et Nellen DURÉE DU MATCH: 93 minutes (23’, 22’, 24’, 24’) 

BIENNE: Senn, Eddins, Marjanovic, Kronenberg, Unternährer, Skrabatun, Dietwyler (libero); Jarotta, Sieber, Mühlemann

CHESEAUX: Chaignat, Skrivan, Santos, Da Fonseca, Jorge, Bracht, Hämmerli (libero); Matter, Sallin.  NOTES: les deux équipes au complet. Dietwyler et Bracht désignées meilleure joueuse de leur équipe.

Quo vadis, VBC Bienne?

L’avenir du VBC Bienne paraît sombre. Sans président ni entraîneur, le club aux huit titres nationaux n’a pas de structures dignes d’un candidat à la LNA. Mais cette relégation peut être également une chance. Depuis le départ forcé d’Eric Wermeille, le club court après son passé. Certains avaient déjà senti le danger poindre. Ainsi, Jean-Pierre von Kaenel, l’ancien Monsieur sport de la Ville de Bienne, avait appelé les parents à davantage s’engager dans la vie du club. Le retour a été plus que décevant. Il n’en est pas allé autrement samedi. De la bouche du speaker officiel Marcel Gyger, on apprenait que des candidats s’étaient manifestés au cas où le VBC Bienne se maintiendrait en LNA. On parlait même d’un président et d’un manager. Des personnes qui tenaient à garder l’anonymat. Or, lorsqu’Eric Wermeille dirigeait la manœuvre, on entendait trop souvent: «Ah non, tant que Wermeille est en place, je ne viens pas!» Même son de cloche depuis l’arrivée de Michel Bolle. Les dirigeants actuels, malgré toute leur bonne volonté, n’ont pas toujours les relations indispensables ni les compétences requises pour mener un club de Ligue nationale. /rg